Pen Duick VI
Construit en 1973 à l'arsenal de Brest
Longueur hors tout : 22 m 25
Longueur à la flottaison : 18 m 80
Déplacement : 32Tonnes
Largeur : 5 m 50
Tirant d’eau : 3 m 40
Gréement : Ketch Marconi
Surface de voilure au près : 260 m2
Année de construction : 1973
Matériau : Duralinox.
Le sixième Pen Duick est conçu pour les courses
régies par les règles de jauge IOR
(International Offshore Rule), et en
particulier la première Whitbread,
course autour du monde disputée en
équipage en 1973/74.
Pourtant, aussi
paradoxal que cela puisse paraître, ce grand ketch en aluminium de 22 mètres
va
connaître la gloire à l’occasion d’une victoire héroïque dans la Transat en
solitaire de 1976.
De l’avis même du maître des Pen Duick, il s’agit de sa plus
belle victoire.
Puis, il poursuit une formidable carrière à l’occasion de
navigations sur l’ensemble
des océans du monde où il apprend la haute mer à bon
nombre d’équipiers.
Certains deviendront célèbres.
A partir de St-Malo,
il continue de faire découvrir l’art de la navigation hauturière
dans le monde
entier. Aujourd'hui, il est basé à Lorient.
.
Un original
financement.
En 1973, époque de la création de la première Whitbread, aucun grand bateau « classique »
n’avait encore pénétré les hautes latitudes sud en
compétition.
Eric Tabarly conçoit Pen Duick VI pour ce programme,
ainsi que
pour les autres courses répondant à la jauge IOR.
Un parcours complet où il
faut être le plus rapide à traverser les calmes,
profiter des alizés, conserver
l’avantage au portant dans les tempêtes.
La construction en alliage d’aluminium par l’arsenal de Brest d’un bateau aussi
important
-il pèse quelques trente tonnes- demande un budget conséquent.
Tabarly est dépourvu de fortune personnelle.
Au début des années 70, le
sponsoring n’est pas encore dans l’air du temps
et le marin breton tient au nom
de Pen Duick.
Le mode de financement adopté pour construire le sixième Pen
Duick marque son temps
par son originalité et préfigure le sponsoring des
années 80.
Ce montage est dû à la réflexion de Michel Leberre, publicitaire,
et
de Gérard Petipas, naviguant depuis de longues années avec Tabarly.
Un pool de
fournisseurs réunis dans un groupement d’intérêt économique
va participer au
financement principal.
.
1973: malheureuse
Whitbread.
C’est André Mauric, architecte marseillais spécialiste des bateaux de jauge,
et
particulièrement attentif au délicat problème de l’équilibre des navires,
qui
est retenu pour dessiner Pen Duick VI. Avec ses 32 tonnes,
son grand mât
culminant à 25 mètres, portant des focs de 150 m2 et des spis de 350m2,
Pen
Duick VI est l’un plus beaux bateaux de course au monde.
Dès les premiers
essais, il se révèle particulièrement rapide, puissant et équilibré.
Mais
contre toute attente, deux démâtages ruinent toute chance de se placer
dans
cette course autour du monde partie de Portsmouth en septembre 1973.
Rentrant
vers l’Europe, Pen Duick VI passe le Cap Horn le 2 mars 1974.
Pourtant, comme
le révèle deux traversées d’océan, Rio de Janeiro à Cape Town
et Cape Town à
Sydney, le grand classe 1 mené à la cravache,
montre des performances uniques
dans les annales de la course en haute mer.
Si le bateau n’est pas classé,
l’équipage de Pen Duick VI a connu des moments exceptionnels.
Pour la première
fois, Éric et ses équipiers ont tout le loisir d’observer la masse sombre
du
fameux Cap Horn dont le sommet culmine à 400 mètres et qui passe lentement le
long du bord.
Bernard Rubinstein, Bernard Deguy, Marc Pajot, Mikaël Leberre,
encadrés par les « anciens «
dont Olivier de Kersauson sont du
voyage.
A l’occasion de cette année 74, trois bateaux de Tabarly doubleront
d’ailleurs le fameux « cap dur ».
Pen Duick III barré par Marc Linsky
vient de laisser Tahiti dans son sillage
et rentre en Europe après un long
périple dans le Pacifique.
Manuréva, ex-Pen Duick IV, mené par Alain Colas en
provenance de Sydney
vire lui aussi le Horn à son retour vers la France.
Puis le grand bateau s’aligne à d’autres épreuves.
Il participe en 1974 à la
grande classique des Bermudes, en 1975 au Fastnet.
Cette année-là, il remporte
le Triangle Atlantique, une grande boucle au départ de St-Malo
avec descente de
l’Atlantique, escale à Capetown, puis Rio et retour à Portsmouth.
Eric embarque
une bande de jeunes équipiers dont la vie va être marquée à tout jamais.
Eric
Loizeau, Philippe Poupon, Pierre Lenormand ... se souviennent des bons moments
passés à bord.
Pendant la course du Triangle Atlantique lors de l’escale de Rio,
Tabarly
apprend qu’il est impossible de construire le multicoque auquel il pensait
pour
disputer la prochaine Transat dont le départ a lieu en juin 76.
Il fait alors
le formidable pari de s’engager à bord de Pen Duick VI
qui subira quelques
petites modifications.
Dans la mesure où les coureurs doivent se soumettre à une
qualification de 500 milles
avec leur bateau, Tabarly débarque son équipage
quelques jours au Brésil
et cingle seul vers le large pour satisfaire à la
formalité.
Plus têtu que jamais, Tabarly a tenu son pari.
Plus têtu que jamais, Tabarly a tenu son pari.
Quelques mois plus tard, il est
à Plymouth pour participer à la Transat en solitaire
à bord d’un bateau conçu
pour quatorze équipiers. 1976 est l’année de la démesure.
Cent vingt bateaux
participent à l’épreuve, Vendredi 13 (40 m) est au départ.
Mais surtout, le
quatre mâts Club Méditerranée, long de 72 mètres et mené par Alain Colas,
vainqueur de 1972, fait partie des grands favoris.
1976. Transat
triomphale.
Contre
toute attente, certains le croient même perdu, Pen Duick VI sort de la brume de
Newport
au petit matin du 23ème jour de course.
Il a traversé quatre
fortes dépressions, rebroussé chemin puis continué.
Il devance Club
Méditerranée qui a dû relâcher à Terre-Neuve pour réparer ses voiles.
Personne
n’a pointé le bateau sur la ligne d’arrivée et il se dirige à la voile vers
l’intérieur du port.
Éric Tabarly apprend qu’il vient alors de remporter sa
seconde Transat.
Aux premiers journalistes parvenus à bord, il avoue la difficulté de l’épreuve
Aux premiers journalistes parvenus à bord, il avoue la difficulté de l’épreuve
balayée par cinq violentes dépressions et son avarie de pilote qui faillit
causer son abandon.
« La cinquième dépression a été la pire. Le vent
n’était pas plus fort,
mais les vagues étaient très abruptes. Il y avait un
gouffre qui s’ouvrait devant le bateau.
Il tombait alors en chute libre. Cela
faisait un bruit terrible. Le bateau n’a jamais cogné aussi dur.
Jamais je
n’avais connu pareille secousse. Mon anémomètre qui va jusqu’à 60 noeuds
s’est
trouvé bloqué pendant des heures.
Quand on voit la mer blanche d’écume soulever
des volées d’embruns aux crêtes des vagues,
c’est un joli spectacle. C’est
aussi le signe que ça souffle vraiment fort. »
Sur les 120 bateaux qui
étaient au départ, 40 ont dû abandonner et l’on déplore la disparition de deux
coureurs.
A l’école
buissonnière.
Pen
Duick VI connaît aussi l’école buissonnière dans le Pacifique.
Pour rallier la
course autour du monde à Auckland en 78,
Tabarly et son équipage traversent le
Pacifique au départ de Los Angeles jusqu’à Tahiti.
Ils dansent le Tamouré aux
Marquises, jouent au football contre les autochtones des îles Tuamotu
et
récoltent bananes et noix de coco aux Gambiers.
Une formidable promenade pour
ces jeunes équipiers qui découvrent le monde.
Ils ont pour noms Titouan
Lamazou, Jean-Louis Etienne, Jean-François Coste,
Philippe Poupon, Olivier
Petit...
En 1981, Pen Duick VI est baptisé Euromarché pour participer à la troisième Whitbread.
En 1981, Pen Duick VI est baptisé Euromarché pour participer à la troisième Whitbread.
Une remise à neuf du grand bateau a eu lieu au chantier Pouvreau de
Vix en Vendée :
mise en place d’une nouvelle quille porté à douze tonnes avec
un tirant d’eau de 3,90 m,
changement du moteur, remodelage des tôles de coque
déformées par les milliers de milles,
réfection des circuits électriques,
modernisation d’une partie de l’accastillage
et d’une manière générale, une
sérieuse chasse au poids permettant de gagner environ 4 tonnes.
Mais les
concurrents ont également progressé dans leur démarche architecturale
et
Euromarché ne finit qu’à la dixième place sur 20 bateaux classés.
Les changements de jauge, l’amélioration constante de la technologie empruntée à l’aéronautique
rendent les performances de Pen Duick VI obsolètes.
Mais ses qualités marines en font un bon croiseur hauturier.
Du Groenland à l’Antarctique, de l’Atlantique au Pacifique,
il ne cesse aujourd’hui d’apprendre la mer à ses nombreux stagiaires.
Appartenant à la famille Tabarly en majorité, ainsi qu’au « Club de Croisière Pen Duick « , le vainqueur de la Transat 76 effectue des stages de croisière autour du monde
sous la direction d’Arnaud Dhallenne. Depuis 1986,
le grand ketch noir traverse chaque année l’Atlantique pour effectuer la saison d’hiver aux Antilles
et revient au printemps où il navigue en stage au départ de St-Malo.
Quinze années à effectuer quelques 10 000 milles par an. En 2002, après avoir accompagné les concurrents de la Route du Rhum au départ de St-Malo, il effectue la saison d’hiver 2002/03 aux Antilles.
Revenu en France à Pâques, il navigue en Manche jusqu’au début de l’été.
A partir de juillet, toujours pour ses stages de croisière, il sera basé en Méditerranée.
Puis il quittera l’Europe pour les pays froids de l’Antarctique, avant de renouer avec le Pacifique
Palmarés de Pen Duick VI
De son départ de la Fastnet, en
1969, pris avec 9 heures de retard
à sa participation au 25ème
anniversaire de la Nioulargue, en 2006 auprès des autres
Pen Duick,
retrouvez les grandes dates de Pen Duick VI.
LES GRANDES DATES DE PEN DUICK VI
Août 1973 | Fastnet, départ avec 9 h de retard, finit 9ème en temps réel et 14ème en compensé |
Septembre 1973 | Départ de la Whitbread à Gosport |
4 octobre 1973 | 1er démâtage à hauteur de Rio de Janeiro, PD VI, rejoint Rio sous gréement de fortune. Il arrive le 14 octobre. Il reçoit un nouveau mât de Nirvana dépêché par avion de Genève. |
20 octobre 1973 | Appareillage pour Le Cap le soir |
5 nov. 1973 | PD VI vient de pulvériser le record de la traversé de Rio au Cap en 15 jours et 19 heures. |
7 nov. 1973 | Départ de la 2ème étape de la Whitbread du Cap vers Sydney |
6 déc. 1973 | PD VI arrive 1er en temps réel et 5ème en compensé à Sydney |
29 déc. 1973 | Départ de la 3ème étape de la Whitbread de Sydney vers Rio de Janeiro |
30 déc. 1973 | 2eme démâtage à 200 milles de Sydney |
1er janvier 1974 | Arrivée à Sydney sous gréement de fortune et au moteur. |
1er février 1974 | 3ème mât de chez Allspar, au profil plus faible que l’ancien |
5 février 1974 | Pen Duick VI repasse la ligne de départ à Sydney |
2 mars 1974 | Franchissement du Cap Horn |
16 mars 1974 | Arrivée à Rio de Janeiro après 39 j 21 h et 45’. Le départ de la 4ème étape a déjà eu lieu. |
Fin juin 1974 | Course des Bermudes : 3ème place |
2 juillet 1974 | Course Les Bermudes – Plymouth, 1er |
Août 1974 | Courses Cowes – Cork et Cork – Brest, 1er |
Juillet - août 75 | Cowes – Dinard : 1er en réel, Channel Race : 4ème, Fastnet : 59 ème, Plymouth – La Rochelle : 1er, La Rochelle – La Trinité : 1er, La Trinité – Bénodet : 1er |
25 oct. - 4 déc. 1975 | 1ère étape du Triangle Atlantique Saint Malo – Teneriffe - Le Cap, Pen Duick VI est 1er toute classe |
Déc.75–janv. 76 | 2ème étape du triangle Atlantique Le Cap – Rio de Janeiro, 7ème en compensé, 2ème au réel |
Janvier 1976 | Au départ de Rio, Eric Tabarly effectue ses 500 milles de qualification sur Pen Duick VI en solitaire pour la Transat 1976 |
Fév.- 25 mars 76 | 3ème étape du Triangle Atlantique Rio de Janeiro – Portsmouth. PD VI gagne la course en temps réel et en temps compensé. |
5-29 juin 1976 | E. Tabarly gagne la Transat anglaise en solitaire entre Plymouth et Newport en 23 jours et 20 heures. Pen Duick VI a essuyé 5 dépressions consécutives. La course voit 45 abandons et deux disparitions. |
5 juin 1977 | Changement de programme, la quille en uranium fait interdire de course Los-Angeles-Honolulu, PD VI qui part vers Les Marquises puis vers Gambier, Bora-Bora, Moora, Maupiti, Huahiné, Wallis et Futuna et Tana. E. Tabarly désire faire les 2 dernières étapes de la Whitbread en se rendant au départ à Auckland. |
26 déc. 1977 | Départ de la 3ème étape de la Whitbread Auckland – Rio de Janeiro |
7 janvier 1978 | Pen Duick VI est déclassé suite à une réclamation du voilier britannique Condor concernant la quille en uranium. |
Janvier 1978 | Pen Duick VI gagne la 3ème étape à Rio de Janeiro en temps réel, c’est Gauloises II, le Pen Duick III qui gagne l’étape en compensé le 1er février |
22 février 1978 | Départ de la 4ème étape de la Whitbread Rio de Janeiro - Portsmouth |
29 août 1981 | Rebaptisé Euromarché, départ de la 3ème Whitbread. Le « vieux » Pen Duick VI finit 5ème en temps réel et 10ème en temps compensé sur 27 concurrents |
13 nov.1986 | Arnaud Dhalenne à bord de Pen Duick VI en route vers les Antilles, récupère Eric Tabarly qui vient de casser un flotteur de Côte d’Or 2 dans la Route du Rhum. |
Août 1992 | Arnaud Dhallenne sur Pen Duick VI fait 6ème en monocoque dans la 3ème transat Québec – Saint Malo |
2 juillet 1993 | Fête des 20 ans de Pen Duick VI à Chausey. Eric invite 20 de ses anciens équipiers à bord et leur offre du homard. |
18-21 avril 1996 | Participe avec les autres Pen Duick au premier Festival de la Mer à Saint-Malo |
11 au 14 nov. 99 | A Lorient pour le rassemblement des Pen Duick pour fêter la future Académie Eric Tabarly |
14 nov. 1999 | Départ de Lorient pour un tour du monde de 15 mois en visite dans 10 pays. 1ère étape à Lagos pour courir la Transat des Alizés vers la Guadeloupe |
Mai 2001 | Retour du tour du monde à Saint-Malo |
31 mai 2004 | En compagnie de Pen Duick à Plymouth pour le départ de la course The Transat, 40 ans après la victoire d’Eric en 1964 et 28 ans après celle de 1976. |
14-17 juillet 2005 | Tall Ship Race à Cherbourg |
30 Sept.2006 Juillet 2008 Septembre 2009 | Participe avec les autres Pen Duick au 25ème anniversaire de la Nioulargue à Saint Tropez et aux régates Royales de Cannes Semaine de Brest avec les autres Pen Duick Participe aux Régates Royales à Cannes puis aux Voiles de Saint Tropez |
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