L’église de l’Assomption de Notre Dame
Elle eut une histoire assez mouvementée
puisqu’elle est passée à deux
doigts de la démolition il y a deux siècles.
Son histoire a pu être
reconstituée à partir de sources très peu nombreuses
car une grande
partie des documents concernant cette église
ont été détruits lors de la
Révolution française de 1789.
Sa construction débute en octobre 1290,
la même année que la fondation
de la Bastide.
Elle se trouve légèrement décalée du centre de la Bastide
puisque l’objectif de la création de Grenade est essentiellement
économique.
L’église s’inscrit parfaitement dans la construction de la Bastide :
pas
de parvis, ni d’abside, mais un plan simple.
Les travaux sont pris en
charge par les Consuls de la ville
et les religieux de la Grande Abbaye
de Grand Selve.
Ces moines ont d’ailleurs placé cette église
sous la
protection de Notre Dame de l’Assomption.
L’église est constituée de 14 piliers ronds
qui supportent la voûte et
de 14 chapelles
de dimensions irrégulières et d’époques différentes.
Elle est faite de briques roses,
provenant certainement des briqueteries
de la vallée de la Garonne, riche en argile.
Les moines cisterciens
exigeaient cette simplicité
pour leur lieu de prière et de
rassemblement.
L’édification de ce monument a été très longue,
puisque les travaux de
construction ont duré 86 ans et se sont terminés en 1376.
Le clocher a
été achevé de longues années après, en 1454 ou 1405.
De style
toulousain, il est très semblable à celui de Saint-Sernin,
des Jacobins,
des Augustins de Toulouse.
A la base, se trouve une fontaine publique.
La construction et l’entretien de l’église étaient source de conflits
plus ou moins graves entre les différents pouvoirs de la commune,
que ce
soit les consuls, l’abbé de Grand Selve
et même les confréries
religieuses qui étaient importantes à Grenade.
Les confréries étaient
organisées selon un métier le plus souvent,
constituaient un cercle
fermé de fidèles
qui s’entraidaient lors de décès dans les familles.
Comme la population de Grenade était très pieuse,
ces confréries ont
existé jusqu’à la Révolution
et ont joué un rôle dans la construction
des chapelles.
L’église s’enrichit aux XVII ème et XVIII ème siècle,
après les batailles contre les Anglais et les Guerres de religion.
Grenade resta catholique et fidèle au roi de France,
ce qui lui permit
de s’enrichir d’un mobilier moins austère,
notamment un retable,
attribué à l’école du sculpteur Marc Arcis
qui orne le chevet derrière
le maître-autel.
Des statues de Saint Sébastien et Saint Roch encadrent une vierge de
style baroque,
surplombée d’un bas-relief représentant l’Assomption.
Dans la nef se trouve une chaire en bois doré
sur laquelle figure Le Bon Pasteur.
Neuf lustres de bois et de stucs éclairent les cérémonies.
Le mobilier
de style baroque est complété
par des tableaux de l’époque classique de
la peinture toulousaine,
signés de Despax (Nativité et Adoration des
Mages), Rivalz, Hilaire Pader,
Ambroise Frédeau (La Gloire Céleste, et
les grands tableaux à gauche de l’autel,
où l’on peut voir les moines
blancs fondateurs de la ville)
qui proviennent de l’Abbaye de Grand
Selve,
entreposés dans l’église pendant la Révolution.
La Révolution Française de 1789 fut un événement majeur
dans l’histoire
de l’église et de la commune,
puisque tous les biens appartenant à
l’église et au clergé ont été déclarés bien nationaux.
Les églises :
Notre Dame de Grenade, l’église de Larra, l’église de Saint Caprais,
les
presbytères, les chapelles des confréries,
les biens des ordres
religieux (les Ursulines, les granges de Bagnols et de Nougarolis).
Les églises n’étaient plus sous l’autorité de l’église de France
mais
appartenaient à la nation ou l’État.
Concrètement, l’église de Grenade
n’était plus un lieu de culte pour les catholiques,
mais devint, après
avoir été pillée, un temple de la Raison,
ce qui correspond plus à
l’idéologie des révolutionnaires.
Le Maire de Grenade en 1794 a même voulu détruire le magnifique clocher
de l’église
qui apparaissait comme le symbole du culte catholique,
désormais rejeté.
L’église n’est pas restée telle que nous la connaissons depuis leXIII ème
siècle.
Elle a en effet subi de très nombreuses modifications au fil
des siècles,
nécessaires après divers incidents (accidents climatiques,
en particulier les pluies torrentielles du XVIIème siècle).
Certaines parties, aussi, se sont écroulées
comme une petite partie de
la voûte de l’église en 1716 qui a écrasé l’orgue.
Ces parties
endommagées ont dû être reconstruites,
aux frais de la communauté
villageoise.
Ensuite, au XIXème siècle, l’église va connaître de multiples réparations
et réaménagements, surtout avec M. Durand, curé de Grenade.
L’église est classée Monument Historique en 1951.
Elle fut également restaurée avec un badigeon intérieur, imitant la
pierre,
une nouvelle sacristie fut ouverte
et des balustrades de style
néo-gothique furent placées dans le chœur.
Les chapelles furent ornées de statues Saint Sulpiciennes,
un chemin de croix fut placé sur les piliers.
Les vitraux brisés furent remplacés par une série de vitraux des
ateliers Victor Gesta,
célèbre maître verrier toulousain, avec à droite
les prophètes
et à gauche les apôtres.
Un orgue fut installé au-dessus
de l’entrée,
créé par le facteur Cavaillé-Coll et achevé par Magen.
Xavier Darasse appréciait le jeu de flûtes de ce bel instrument,
régulièrement entretenu, permettant ainsi de remarquables concerts.
Face au maître-autel, se trouvent deux statues dorées encadrant la porte
d’entrée :
Sainte Anne et Saint Joachim, les parents de la Vierge Marie
complètent ce décor du siècle dernier.
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